Anne-Marie Lagrange, X82
Spécialiste des exoplanètes. Directrice de recherche au CNRS, astrophysicienne au Laboratoire d’études spatiales et d’instrumentation en astrophysique (Observatoire de Paris) et professeure attachée à l’Université Paris Sciences & Lettres, membre de l’Académie des Sciences et membre du Haut-Conseil aux Très Grandes Infrastructures de Recherche. Elle est titulaire d’un diplôme d’études approfondies (DEA) en astrophysique de l’université Paris-Diderot et d’une thèse à l’Institut d’astrophysique de Paris obtenue sous la direction d’Alfred Vidal-Madjar (X61) en 1989. Ses travaux portent sur la recherche et l’étude de systèmes planétaires extrasolaires. À partir des années 1990, elle se met à rechercher des exoplanètes en imagerie directe grâce aux premiers instruments d’optique adaptative. Dans les années 2000, elle cherche plus particulièrement des planètes géantes autour de jeunes étoiles. Ainsi, en 2005, elle et son équipe font la première observation directe d’une exoplanète autour d’une naine brune. Elle a consacré une grande partie de sa carrière à l’analyse de l’étoile Beta Pictoris dans la constellation du Peintre. Lors de sa thèse, elle étudie le gaz présent autour de l’étoile et montre la présence d’exocomètes autour de l’étoile, mais la communauté scientifique est sceptique. Ce scénario, abondamment testé, reste encore valide aujourd’hui. Une décennie plus tard, elle étudie avec son étudiant David Mouillet (X90) le disque de poussières de ce système, et montre qu’une planète est sans doute présente dans le système. En 2008, elle découvre une planète, Beta Pictoris b, orbitant autour de son étoile, comme elle l’avait prévu. Cette exoplanète est encore la planète imagée la plus proche de son étoile. En 2019, elle annonce la découverte de la planète géante Beta Pictoris c et orbitant plus près de son étoile que Beta Pictoris b. Elle propose dès le début des années 2000 un nouveau spectro-imageur entièrement dédié à la recherche des systèmes planétaires extrasolaires. SPHERE délivre sa première lumière en 2014 et permet d’imager plusieurs nouvelles exoplanètes.
“Fille d’ouvrier dans un petit village de l’Ain, rien ne me prédestinait à devenir astrophysicienne. A l’X, j’ai pu poursuivre des études scientifiques de haut niveau, découvrir l’astrophysique, avoir mon premier enfant, et poursuivre dans ce domaine grâce à une des rares et précieuses bourses de DEA (M2) et de thèse. Ce fut un tremplin idéal pour pouvoir embrasser cette carrière qui est, encore aujourd’hui, une véritable passion. Les sciences dures constituent un outil précieux d’ascenseur social, à utiliser sans modération ! De même, les jeunes filles ne doivent pas hésiter à se lancer dans les sciences dures: c’est passionnant et ces domaines ne doivent pas être privés de la moitié des talents potentiels !”